Quand votre chien adopte un comportement qui vous pose problème, pourquoi ne pas y voir plutôt "un comportement qui pose question" ... voilà une occasion de changer de perspective sur la situation, tout en enrichissant le lien que vous partagez avec votre compagnon canin!
***
L’expression « se remettre en question » contient, à mon sens, une petite « erreur de sens », si je peux dire ça comme ça… je trouve que le mot « question » devrait être écrit au pluriel ! Parce que se «remettre en questions», c’est s’en poser beaucoup, des questions, et souvent !
Dans l’inconscient collectif, « éduquer son chien », c’est lui apprendre ce qu’on veut qu’il sache faire, avec l’attente ensuite qu’il s’exécute sur demande. Dans n’importe quel contexte, et tout de suite. C’est une liste d’exercices et de compétences à apprendre, une série « d’ordres » (oh comme je déteste ce terme !) à conditionner/programmer pour la personne et pour le chien : la personne sait exactement quel mot utiliser, ou quel geste (attention… il est impératif que tous les membres de la famille utilisent exactement et précisément les mêmes codes 😉 – comme si nos loulous n’étaient pas plus « fins » que ça !), et le chien « obéit » à des signaux qu’il a mémorisés.
Cela veut-il dire qu’un chien capable de s’asseoir sur demande, le fera d’office? Qu’un chien qui a appris à revenir quand on l’appelle, ne prendra jamais la poudre d’escampette ? Non, bien sûr !
Pourquoi ? Parce que nos chiens sont bien plus que des robots qu’on a programmés ! C’est d’ailleurs pour ça que nous les accueillons dans nos foyers, et que nous développons avec eux des liens forts et subtils, qui dépassent largement leurs capacités cognitives ; des liens de cœurs qui parlent. Nous le savons tous, pourtant il est si facile de s’embourber dans des fonctionnements ou des réflexions telles que « mon chien est têtu, voire dominant », « il obéit super bien en cours collectif, mais à la maison il ne m’écoute pas du tout », « il aboie tout le temps, comment faire pour qu’il arrête ? », etc.
Le souci avec les étiquettes que nous posons sur le comportement d’autrui (peu importe à quelle espèce il appartient !), c’est que ça revient à chausser une paire de lunettes : nous voyons tout à travers ce filtre-là… et trouvons partout des exemples qui viennent confirmer notre postulat de départ. Résultat : la difficulté de base ne fait que s’intensifier et nous entrons dans un cercle vicieux… plus nous essayons de changer l’autre, plus la résistance augmente, et plus les possibilités de communiquer diminuent !
Tout cela vient en grande partie de cette attente qui s’est construite en nous, peut-être inconsciemment : si nous enseignons les bons exercices à nos chiens, alors tout ira forcément bien. Qu’un bon chien est un chien obéissant. Mais dans nos attentes, il y a quelque chose d’hermétique. Quelque chose qui rend la communication compliquée… « j’ai fait mon boulot en t’apprenant les exercices, maintenant c’est à toi de faire le tien et de t’exécuter quand je te le demande ». Mais ce n’est pas si simple…
Parce que nos chiens sont des êtres vivants sensibles et intelligents, comme nous. Comme nous, ils sont dotés d’émotions. Et ce sont ces émotions qui influencent, notamment, notre capacité à réfléchir. Quand nous sommes sereins, nous sommes réceptifs et capables de communiquer. Quand nous sommes en stress, c’est une autre histoire ! Quand nos chiens sont excités, anxieux, inquiets, etc., ils ne nous entendent pas vraiment… ce n’est pas volontaire, c’est leur système nerveux qui dirige leur attention sur la cause de leur état.
Si mon chien est mal à l’aise avec la proximité de congénères, il peut chercher à s’éloigner, ou devenir très nerveux, aboyer, tirer sur la laisse comme un fou, etc. Si je l’incite à s’en approcher « pour s’habituer », si je me fâche, ou si je lui demande de s’asseoir pour qu’il se calme, il y a de grandes chances qu’il ne m’entende même pas. Peu importe qu’il sache s’asseoir ; à ce moment-là, il n’est pas en mesure de faire ce que je lui demande. Si j’insiste sans me poser de question, parce que j’exige qu’il obéisse (même avec l’intention louable de le calmer) la frustration et l’énervement ne feront qu’augmenter de part et d’autre… et c’est parti pour le cercle vicieux !
Par contre, si j’accepte de me poser des questions, mon regard sur la situation change ! Au lieu d’entrer dans un cercle vicieux de frustration et d’opposition, j’entre dans un espace d’ouverture, de curiosité, d’intérêt. J’ai une vision plus large que simplement « il faut que tu te calmes maintenant – dans ma tête : tout le monde nous regarde et je ne sais plus où me mettre ».
- « Qu’est-ce qui met mon chien mal à l’aise ? »
- « Ai-je mis mon chien dans une situation qui le dépasse, ou pour laquelle il n’est pas prêt ? »
- « Qu’est-ce que son comportement exprime ? Est-il excité à l’idée d’aller jouer ? Y a-t-il trop de promiscuité avec ses congénères ? »
- « De quoi a-t-il besoin pour retrouver son équilibre ? »
- « Comment puis-je l’aider ? »
- « Quel choix puis-je faire maintenant ? »
En essayant différentes approches, je continue à évaluer comment les choses évoluent… et à me poser des questions ! « Est-ce que cela aide de nous éloigner de l’autre chien ? », « Est-il réceptif aux caresses ? », « Est-ce que le son de ma voix contribue à l’apaiser, ou pas ? » Mon chien me répond à travers son comportement. A moi d’ajuster le tir selon ce qu’il me communique.
Le questionnement est un processus qui sous-tend la relation… un dialogue permanent (pas une obsession !), une ouverture de coeurs.
Nos chiens ne nous donnent pas du fil à retordre par pur plaisir ! La plupart du temps, c’est qu’il y a quelque chose qu’ils ont eux-mêmes du mal à gérer, et qu’ils sont eux-mêmes en difficulté ! Ils ont donc besoin de notre compréhension et de notre aide, pas de nos exigences de résultat immédiat !
En acceptant de vous remettre en questionS, de vous poser des questions, vous pourrez non seulement plus facilement aider votre compagnon, mais votre lien en sera enrichi : chaque fois que votre chien se sent écouté et entendu dans son vécu (émotionnel), votre relation se renforce et votre confiance mutuelle grandit !
En plus, la pression diminue pour tout le monde ! Donc tout le monde est gagnant :-)
Etes-vous confronté à des difficultés ?
Avez-vous des questions?
Contactez-moi pour en discuter :-)